Vente en feuilles en Belgique... et en France !

J'en avais parlé en août, Pierre Jullien a des détails sur la hausse en Belgique du prix des timbres à l'unité (le tarif reste inchangé pour plusieurs exemplaires, le nombre minimum - 5 ou 10 - dépend de la faciale du timbre).

La surprise est que cette mesure ne comprend que les usages courants, les commémoratifs seront vendus en feuillets complets uniquement (et par abonnement à l'unité).

Après un tour du côté de la poste belge, il semble cependant que les commémoratifs soient d'ors et déjà présentés en feuillets de 5 ou 10 timbres, ce qui fait que la règle est de facto la même pour les timbres commémoratifs !

En fait, il se passe la même chose en France, même si cela ne concerne pour l'instant qu'une petite partie des timbres : les autocollants spéciaux "entreprise" vendu uniquement par correspondance à la boutique pro, en feuilles de 30 minimum (selon le format du timbre).

Version autocollante du timbre Juliette Dodu
disponible depuis Mardi.

L'existence en version autocollante des timbres φhilatéliques est en contradiction avec la charte de la philatélie : les timbres commémoratifs d'Etat, à valeur faciale numérique, ne devraient pas être émis que sur support gommé.

La question du choix des sujets étonne, certains sont fort peu susceptibles d'intéresser les entreprises (Jean Moulin, Juliette Dodu, Eugène Vaillé, Bordeaux). On a l'explication pour le timbre du Conseil Constitutionnel, il s'agissait de reliquat de tirage destiné à cette institution, peut-être le timbre de la ville de Bordeaux est dans ce cas ?

Les timbres de la série artistique, ainsi que les coeurs des couturiers, répondent par contre aux besoins professionnels, d'autant plus qu'ils sont à des faciales supérieures à 20g.

La question qui se pose : La Poste s'est-elle rendue compte que le timbre autocollant d'entreprise intéresse les philatélistes ?

L'émission des timbres évoqués laisse à penser que oui.

L'expérience passée avec les timbres Chanel doit être dans la mémoire de Phil@poste, qui en avait profité pour lancer les suivants en version autocollante également (alors que les autres maisons de couture ne semblent pas avoir utilisé leur timbre).

Si La Poste est bien organisée, elle a étudié ses clients ; et constaté qu'il y avait des particuliers et des négociants en timbre qui utilisaient boutique pro. A mon avis, le calcul sur le pourcentage des émissions spécifiques à la boutique pro devrait faire apparaître un gros pourcentage des ventes à la clientèle philatélique !

Je ne sais plus où je l'ai lu ou entendu, le négociant en philatélie (hors les négociants spécialisés) qui ne propose pas les timbres autocollants commet une faute professionnelle ! Et quelque part, La Poste est le plus grand négociant philatélique de France...

Le fait que ces timbres ne soient pas disponibles sur les salons, ni dans la boutique du timbre laisse à penser que non, les philatélistes ne sont pas pris en compte par Phil@poste pour sa boutique pro.

La difficulté de séparation des exemplaires demeure, il existe pourtant des solutions techniques. Le philatéliste amateur d'autocollants est devenu un individu dangereux, avec son cutter tranchant toujours à portée de main.

Les habitués des commandes remarquent aussi que la manutention laisse à désirer ; il est rare qu'entre la confection souvent peu soigneuse de l'envoi, et le transport, les feuilles arrivent dans un état satisfaisant (elles sont souvent froissées voire pliées). Les réclamations pour ces motifs restent sans suite.


Je pense que Phil@poste est tout à fait conscient du phénomène, et commence à en jouer en émettant des timbres pour les philatélistes. En laissant les timbres uniquement sur la boutique pro, elle diminue son nombre de clients potentiels directs ((limitée aux marchands, philatélistes et associations qui achètent des feuilles complètes). Cela provoque une certaine rareté de l'offre (qui soutient la demande !). Phil@poste délègue aux intermédiaires les coups de distribution à ses clients finaux philatélistes.

En effet, le temps de vente d'un timbre à 0,56 euro, ce qui prend bien deux minutes (voire plus pour le philatéliste qui veut voir les timbres disponibles !), est prohibitif : entre les salaires (et les charges), les coûts divers (local, personnel d'encadrement, administratif, ..), je soupçonne que cela revienne à plus cher que le timbre !

D'où la tendance à vendre des carnets (avec de plus en plus de timbres !), des abonnements pour les timbres de collection (les pochettes sont réalisés par des machines), ou des feuilles complètes...