Armand Rousso
Claude Jamet évoque le rachat par Armand Rousso de nombreux catalogues de part le monde : Cérès semble certain en France, Dallay a été contacté, les grands catalogues mondiaux (Yvert, Michel, Stanley Gibbons) auraient eu des offres.
Lutèce Diffusion aurait été achetée également : cette entreprise est spécialisée dans la vente d'objet de collection auprès du grand public (et assez peu des collectionneurs), notamment par le biais de publicités dans la presse. Avec cet achat, Armand Rousso dispose d'un fichier d'adresses qui montre son intérêt pour aller en dehors du milieu philatélique traditionnel.
Armand Rousso m'était inconnu avant ces rachats, je l'ai donc "googlé" pour en apprendre plus !
Le lien le plus complet sur le personnage est celui d'un site sur les échecs, qu'Armand Rousso soutient.
Son blog nous dit :
A visionary and entrepreneur, Rousso was one of the first people in history to truly grasp the power of the Internet. In the mid-1980's, when the Internet was virtually an unknown entity, Rousso started what is widely regarded as the first e-commerce company: The International Stamp Exchange. The foresight of this project is truly remarkable, paving the way for online marketplaces, and showing the World how the power of technology and the Internet can change the way people conduct commerce and access information.Je traduis :
Un visionnaire et un entrepreneur, Rousso a été historiquement l'un des premiers à comprendre la puissance d'internet. Au milieu des années 1980, alors qu'internet était virtuellement inconnu, Rousso a lancé ce qui est largement considéré comme la première entreprise d'e-commerce : L'International Stamp Exchange. L'innovation montrée par ce projet est réellement remarquable, montrant la voie pour les salles de marchés online, et montrant au Monde comment la puissance de la technologie et de l'internet peuvent changer la manière dont les gens conduisent le commerce et accèdent à l'information.La formulation est laudatrice (rappelons que l'extrait vient de son blog personnel), à la troisième personne !
Mais c'est intéressant, parce que cette entreprise, l'International Stamp Exchange Corp, n'existe plus et n'a pas fonctionné. Peut-être le but de Rousso est d'essayer à nouveau : le développement d'internet est un environnement plus favorable que l'époque du Telex et des services en mode texte par modem.
L'objectif était d'appliquer à la philatélie les principes de la bourse : un marché international où la majorité des ventes et des achats a lieu. Pour cela, il faut une offre standard : la mise en place d'un système de notation pour juger de l'état d'un timbre : centrage, couleur, gomme, oblitération, ... Ce système est similaire à ce qui existe en numismatique, avec des organismes commerciaux donnant ces notes (contre rémunération). Le système de note serait assuré par des marchands de timbres agréés. Il faut également pouvoir identifier de façon univoque chaque timbre, et donc disposer d'une base de donnée : celle d'un (ou plusieurs) catalogue(s) communément utilisés est l'idéal. Ce système abouti à la définition d'une cote qui serait celle du marché (si le nombre de transactions est significatif).
Armand Rousso serait connu sur le marché pour beaucoup acheter de timbre : ce serait donc un moyen à la fois de démarrer l'entreprise (il faut une offre pour que cela fonctionne, pouvoir faire l'offre en attendant/en complément d'une adoption plus large). Il est possible de vendre plus cher en relançant le marché à destination du grand public, en proposant un produit standardisé sous forme d'investissement.
Suivant le succès d'eBay, mais aussi de Delcampe dans le domaine des collections, il pourrait s'agir de mettre en place un système d'enchères lié à un catalogue : la difficulté est souvent de trouver ce que l'on cherche : les mots-clé mis par le vendeur ne sont pas forcément ceux auxquels pensait l'acheteur. Or en philatélie, on se base beaucoup sur le numéro dans le catalogue ! Imaginer un système d'enchères où l'on pourrait avoir tous les lots correspondants à un numéro donné, regroupés selon l'état ! Les acheteurs pourraient ainsi comparer les offres, les vendeurs pourraient comparer les ventes passées. Il y aurait aussi une séparation entre les documents standards (neuf, neuf avec charnière, oblitéré, FDC, ...) et les autres documents postaux. En fait, je parle d'une idée (qui n'est sans doute pas originale) qui me trotte dans la tête depuis longtemps !
On apprend également par Google :
- En 2003, il aurait fait l'objet d'une enquête pour fraude à propos de l'entreprise ProNetLink. Je n'ai pas trouvé beaucoup d'informations sur le sujet, d'autant plus que les textes en question sont dans un anglais très technique (droit). Voir ici et là.
- Plus récemment, il est un des créateurs du moteur de recherche Accoona, dont le développement aurait lieu plus particulièrement en Chine. Sa technologie est promue comme étant intelligente, ce qui est cohérent avec l'implication de Rousso dans le monde des échecs (avec des compétions homme/machine en particulier). Il s'agit peut-être de sa source actuelle de financement (malgré que la startup n'ait pas été introduite en bourse).
Armand Rousso semble donc intéressé par l'aspect financier de la philatélie plus que par l'aspect collection.
En tant que philatéliste, je privilégie l'aspect collection, même si l'aspect financier est forcément présent. On se rappelle de l'affaire récente d'Afinsa, qui a porté un coup important à de nombreux investisseurs non collectionneurs (250 000 personnes !) et a fait plonger les timbres "Europa"... Historiquement, la spéculation en philatélie a entraîné des courtes périodes d'euphorie suivies de longues dépressions.
D'autre part, la consolidation des catalogues pourraient être une bonne chose, en permettant aux philatélistes du monde entier de parler d'une même voix (par une numérotation mondialement admise, au lieu de la séparation actuelle entre les catalogues américains, anglais, allemand et français).
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