Sarkozy parle aux philatélistes
Le président de la république est philatéliste, comme le montre les photographies à son bureau parue dans Le Journal du Dimanche et Le Point cet été, où on peut apercevoir un classeur de timbres.
Le site de la FFAP publie une lettre adressée par Nicolas Sarkozy à la presse philatélique, la lettre ouverte de Timbres Magazine n'y est peut-être pas étrangère...
En voici le contenu que j'ai retapé pour une lecture plus facile :
Cher(e)s amis philatélistes,Une petite explication de texte s'impose (enfin, ma lecture de cette lettre !).
Je partage avec vous la passion du timbre et de la philatélie. Depuis mes plus jeunes années, j'ai pratiqué ce loisir qui est une ouverture au monde, à l'histoire et aux grands événements.
J'ai compris que beaucoup d'entre vous nourrissent des inquiétudes face à l'évolution de la philatélie en France. Je les comprend : plus de 85% du courrier est émis par les entreprises qui n'utilisent quasiment plus de le timbre et de plus en plus de Français se servent aujourd'hui de courriels, de textos ou du téléphone portable.
Je crois que le timbre peut et doit apporter, au milieu de ces mutations, la note artistique, humaniste et créative qui illumine ce geste simple d'affranchir une lettre.
Je reste persuadé que la philatélie préservera toute sa place si le timbre retient son utilité sociale et économique, liée à l'acheminement de la lettre, à sa beauté et à sa rareté. A condition aussi qu'il sache s'adapter à la culture du XXIe siècle.
Ce double défi, nous pouvons et nous devons le relever ensemble dans une nouvelle ambition philatélique. C'est pourquoi j'ai demandé à La Poste d'engager deux types d'action.
Premièrement, je souhaite qu'elle poursuive résolument l'augmentation du nombre de timbres en taille douce, pour aboutir dès 2009 à 30% d'émissions imprimées dans cette technologie.
Deuxièmement, je propose qu'elle organise les "états généraux de la philatélie" destinés à engager un débat avec l'ensemble du monde philatélique. Ces états généraux devront, en particulier, définir précisément, d'une part ce qui doit appartenir au programme philatélique, qui fait l'objet d'un arrêté ministériel et se traduit par des timbres émis en quantité raisonnable, et d'autre part ce qui n'est que du timbre d'affranchissement, sans nature institutionnelle comme par exemple, les timbres à message du type "meilleurs voeux".
La philatélie, c'est notre loisir, c'est aussi un monde d'artistes, de graveurs, de metteurs en page. Je souhaite leur rendre hommage, car illustrer des sujets parfois abstraits, créer pour chaque timbre une oeuvre originale sur une surface aussi petite, relève d'un véritable talent.
Aujourd'hui, j'ai tenu à m'adresser directement à vous car je pense fondamentalement que le timbre et sa collection sont promis à un bel avenir que nous continuerons d'inventer ensemble.
Je vous prie, Cher(e)s ami(e)s philatélistes, l'expression de mes sentiments les meilleurs.
Nicolas Sarkozy.
Le président s'est intéressé à un sujet somme toute mineur, la politique d'émission de La Poste. Ce qui du coup, en fait un problème important. C'est bon pour l'égo de ses "ami(e)s philatélistes" : nous faisons partie d'une communauté hétérogène, qui compte petits et grands, fortunés ou pas, ouvriers et intellectuels, et même un président de la république française.
Le vrai problème est posé : la philatélie, c'est d'abord le timbre (même si c'est loin de n'être que cela) ; la baisse de son usage est le réel problème de la philatélie : c'est souvent par les timbres du courrier reçu chez soi que l'on peut commencer à s'y intéresser. Sarkozy réaffirme que l'utilité du timbre est en premier "liée à l'acheminement de la lettre".
Un premier satisfécit pour les nombreux philatélistes attachés à la taille-douce : un objectif dès 2009 de 30% de timbres en taille-douce.
La distinction est faite entre les timbres "émis en quantité raisonnable" (comprendre sans un nombre d'émissions raisonnable plus qu'un tirage suffisant) et le "timbre d'affranchissement, sans nature institutionnelle".
Ce qui implique que
- D'un côté on a des timbres pour les collectionneurs, "institutionnel" (donc avec des sujets où la politique a son mot à dire).
- D'autre part ce que je qualifierais de "vrais" timbres (émis pour l'affranchissement !).
Cette distinction est déjà faite par La Poste : elle émet des timbres dentelés/gommés pour les philatélistes, et très majoritairement des timbres autocollants pour le grand public (à l'exception des blocs "portrait de ..."). La Poste a donc clairement été consultée avant pour la rédaction de cette lettre...
C'est une différence que je fais aussi, entre les timbres d'usage courant, les semi-permanents, et les "beaux timbres" faits pour les collectionneurs. J'ai une nette préférence pour les premiers, un intérêt pour les deuxièmes et souvent une certaine indifférence pour les derniers. Mais je peux comprendre que lorsque le sujet ou son aspect artistique sont l'intérêt principal pour un collectionneur, les semi-permanents soient mal perçus : un abonnement, des feuilles d'albums sans les semi-permanents auraient sans doute un certain succès.
Un bon principe de collection (à mon avis) est de privilégier ce qui n'est pas prévu pour les philatélistes. Un autre est de collectionner ce que l'on aime (ça parait évident je sais) et donc choisir parmi les émissions de La Poste.
Une discrimination officielle entre les "timbres du programme philatélique" et les timbres semi-permanents m'inquiète. Cela signifie-t-il que :
- Les 30% de taille-douce ne concerne que les timbres "pour collectionneur" sans compter les timbres "grand public" comme les meilleurs voeux, les carnet vacances, sourire, félicitations, ... ? Ce pourcentage serait atteint bien plus facilement !
- La Poste a-t-elle échangé la promesse de faire plus de timbres en taille-douce contre la possibilité de faire des timbres "grand public" sans contrôle, donc un nombre d'émission plus grand encore ?
Sarkozy n'oublie pas de rendre hommage au travail difficile de timbrifier des "sujets parfois abstraits". J'ai une meilleure solution : celle d'arrêter les interventions politiques qui décident souvent de ces sujets, qui malgré le talent des artistes, font rarement de beaux timbres (et souvent des horreurs !).
La conclusion du texte du président ressemble beaucoup à son slogan de campagne : "ensemble, tout devient possible".
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