26 septembre 2010

Une maison contre des épreuves de luxe ?

Gérard Longuet est au centre d'une polémique sur le financement d'une maison. Longuet a été ministre des postes de 1986 à 1988, et tout comme ses prédécesseurs et les ministres suivant, ainsi que le président de la république et le premier ministre, et des hauts fonctionnaires (préfets, postiers ?) a reçu des "épreuves de luxe" et des timbres non-dentelés officiels (en feuille semble-t-il !) et sans doute des épreuves d'atelier. La revente de ces "hommages philatéliques" lui aurait rapporté dans les 1000 euros par mois.

M. Hirsch évoque que Longuet aurait déclaré avoir acheté "une maison dans le sud de la France" "en grande partie" par "la vente de timbres", cette vente "se chiffraient à plusieurs centaines de milliers de francs".

Un bloc-feuillet gommé dentelé, Semeuse journée du timbre 1996.

C'est la Cours des Comptes qui s'était émue de cette pratique, les non-dentelés ne sont plus fabriqués après fin 1996, les épreuves de luxe ne sont plus fabriquées à partir de fin 1991, et les feuillets gommés dentelés qui les remplacent disparaissent fin 1998. Les épreuves d'atelier ne sont plus distribuées à des officiels depuis quelques années (2004 ?).

La pratique des hommages philatéliques est connue des philatélistes, mais il est vrai que les destinataires ne sont pas tous connus et les quantités distribuées non plus. Pour les sommes évoquées, quelles quantités faut-il ?

- Hypothèse moyenne ; mettons un gain de 300 000 francs en 2 ans, soit pour un centaine de timbres à 3 000 francs par timbre. Pour un prix de vente de 20 francs unitaire, ça fait 150 timbres non-dentelés, soit une feuille et demi à 3 ou 4 feuilles, sans compter les épreuves de luxe et d'atelier et les occasionnelles "épreuves collectives". La quantité nécessaire ne paraît pas délirante.
- Hypothèse basse, 1000 euros par mois sur 2 ans : 150 000 francs tout de même... En changeant doublement d'échelle (en euros par mois au lieu de francs pendant les 2 ans au ministère), ça minimise le chiffre ! A 1500 francs par timbre, on est dans le même ordre de grandeur que le calcul précédent.

Bref, dans tous les cas ça représente une belle somme : 150 000 francs (23 000 euros) , 300 000 ou 450 000, ça dépend
- du nombre de feuilles (1 à 5 sur un tirage de 20), d'épreuves de luxe (quelques dizaines sur un tirage de 300), d'épreuves d'atelier ou collectives (quelque(s) exemplaire(s) sur un tirage d'une vingtaine) et de cadeaux divers.
- du prix d'achat des négociants en timbres.

Il y a forcément quelqu'un qui a la réponse rue Drouot !

Merci à au correspondant anonyme LB pour cette information.

Sources : Le Monde, lequotidien.re.

Mise à jour 27/09/2010 : l'article original est du JDD, reproduit sur le blog Philatélie au quotidien, il est plutôt bien fait et plus précis que les articles déjà cités. Un détail amusant : les timbres ne parvenaient pas toujours à leur destinataire, ceux-ci pouvant être vendu par "un retraité des postes chargé de cela". L'ancien directeur de La Poste Yves Cousquer  a ainsi reçu 500 000 francs sur 3 ans.

3 commentaires:

Mathieu a dit…

Bonjour Dominique,
Voici le lien où j'ai découvert hier des informations identiques:
http://actu.orange.fr/politique/longuet-dement-avoir-paye-une-maison-grace-a-une-dotation-en-timbres-rares_53725.html
Bien cordialement,
Mathieu

Anonyme a dit…

Sans achat des philatélistes, pas de marché donc pas de vente et de plus-value.

Ne jetons pas la pierre aux hautes personnalités de l'Etat, le tord sur ces pratiques revient en premier lieu aux philatélistes, au négoce ainsi qu'aux catalogues qui les répertorient.
En gros la demande a été créée de toute pièce par des personnes qui ont pris au passage des plus-values...

Il doit y avoir plusieurs maisons rue Drout concernées. Il n'est pas très compliqué de retrouver les noms...

Anonyme a dit…

Les "hommages philatéliques" (non-dentelés et les épreuves de luxe) ont officiellement cessé après le rapport de la Cour des comptes dénonçant cette pratique. Ce n'est que partiellement vrai. Lors d'un colloque récent sur les Terres australes au Sénat, un tirage spécial non-dentelé d'un carnet de timbres a été offert à 500 personnalités. On ne le trouve pas sur le marché philatélique mais je parie que dans quelques années il y atteindra de beaux prix. Monaco, dont le service postal est géré par La Poste continue la pratique des non-dentelés. Qu'en est-il des territoires d'Outre-mer ?