Les emissions de timbres de La Poste
La politique actuelle des émissions philatéliques de La Poste est souvent critiquée. Que lui reproche-t-on ?
L'inflation des émissions
L'inflation des émissions existe, mais ça dépend du point de vue selon lequel on se place : si on compte en sujets ou même en timbre-type (c'est à dire sans tenir compte des différentes présentations), cela reste assez stable (mais en augmentation pour les timbres-type). Par contre la Poste multiplie les présentations :
- Feuille
- Carnet
- Bloc-feuillet
- Mini-feuille
- Mini-feuille personnalisée
- Livret
- Souvenirs
- Document philatélique officiel
- Gravure
- Notice premier jour
- Enveloppes ou présentations premier jour diverses
Mais les présentations se sont ajoutées sans jamais être supprimées.
- 1952 : premier carnet Croix-Rouge
- 1953 : carnet Croix-Rouge, 2 blocs de quatre de la paire Croix-Rouge
- 1984 : nouvelle présentation du carnet Croix-Rouge à 10 timbres du tarif lettre
- 1985 : carnet personnages célèbres, 6 timbres (sauf 1986)
- 1986 : carnet journée du timbre, 6 timbres
- 1993 : carnet journée du timbre, 7 timbres avec et sans surtaxe
- 1998 : le timbre Rond est émis en feuille, en carnet de 10, et en bloc-feuillet ne comportant qu'un seul timbre et 9 vignettes (vendu au dessus de la faciale)
- 1999 : un bloc-feuillet est rajouté à la série "journée du timbre"
- 1999 : série Jeunesse en bloc-feuillet de 10 timbres différents
- 1999 : premier carnet "coeurs" autocollant
- 2000 : introduction des blocs-feuillet personnalisés de 10 timbres, vendus au double de la faciale pour financer la prestation
- 2000 : introduction des blocs-feuillet "le siècle au fil du timbre" suivi de "la France à vivre" et "la France à voir"
- 2000 : introduction du bloc-feuillet "nature"
- 2001 : premier carnet "vacances"
- 2001 : premier carnet "voeux"
- 2003 : premier livret incluant des blocs-feuillets inédits ("la France à vivre", "la France à voir)
- 2003 : premier carnet autocollant avec reprise d'un ancien timbre d'usage courant
- 2003 : bloc Rouge-gorge, suivit d'autres
- 2003 : première mini-feuille (avec inscriptions marginales) de 10 timbres de Poste Aérienne, en plus de la feuille normale de 40 timbres.
- 2005 : premier carnet de 10 timbres "journée de la poste"
Pour cela elle a adopté le timbre autocollant, plus pratique mais qui pose des difficultés aux philatélistes : comment extraire proprement un timbre d'un carnet, comment les décoller ?
Elle multiplie aussi les sujets plus proches du public, en ciblant différentes populations (les enfants, les femmes). Les timbres à message ("oui", "merci", ...), les sujets et formats synonymes pour les philatélistes des pays manquants de sérieux dans le domaine philatélique (la bande dessinée, les timbres ronds, en forme de coeur, ... ) rencontrent un écho mais ne sont guères appréciés des philatélistes.
La qualité des émissions
En dehors des choix des sujets, on reproche également à La Poste ses choix technologiques. La France a été (et reste encore) un pays qui utilise la taille-douce, un procédé d'impression qui a deux inconvénients majeurs : le manque de couleur et la difficulté à faire des à-plats.
Or il semble que le grand public soit plus sensible aux couleurs vives qu'à un timbre finement réalisé dont l'observation à la loupe permet d'apprécier pleinement.
Bien sûr, la taille-douce est également un procédé plus coûteux et les délais de réalisation sont plus longs.
La difficulté à suivre et à se procurer les émissions
De nombreuses présentations ne sont pas largement disponibles, y compris pour les collectionneurs abonnés aux nouveautés ou qui se rendent à un point philatélique. Parfois il faut commander au Service Philatélique de La Poste, parfois il faut se rendre à des salons ou commander sur internet. Un abonnement directement au SPP permet de se procurer la quasi-totalité des émissions (il y a plusieurs formules, attention à choisir la bonne !), mais pas toutes !
La faute aux éditeurs ?
Les éditeurs de catalogue et de feuilles d'album ont à mon avis une grande responsabilité en listant ou prévoyant des cases pour trop de choses ! Prenons l'exemple des carnets, ils ont longtemps été listé dans un catégorie à part ("fin de catalogue"), mais quand le carnet Personnages Célèbres est sortit en 1985 il a figuré dans la rubrique générale au motif qu'il s'agissait d'une "bande-carnet" (néologisme inventé pour l'occasion).
Les éditeurs ont aussi tendance à forcer les collectionneurs à casser les présentations : pour le carnet 150ème anniversaire du timbre-poste en 1999, au lieu de se contenter de mettre un case pour le carnet (ou bien pour 2 timbres du carnet), il faudra souvent avoir 3 carnets : un complet, un deuxième pour en extraire les 2 timbres isolés, et un troisième par la paire se-tenant ! Parfois c'est la dentelure ou un bord de feuille qui justifiera une autre case. Ce n'est pas nouveau, et ça explique la cote de certains blocs-feuillets (du premier par exemple), dont beaucoup ont été cassés ou raccourcis pour pouvoir remplir ces fameuses cases.
Au final, ce sont les collectionneurs "de base" qui ressentent un certain raz le bol, parce que d'une part leur budget augmente à priori, mais aussi à posteriori quand après avoir acheté leurs feuilles complémentaires ils doivent à nouveau dépenser - au prix fort - chez les négociants pour remplir ces cases. Et d'autre part ils aiment de moins en moins les sujets et la façon dont ils sont traités. Sans compter qu'il est de plus en plus connu - avec les discussions sur la démonétisation - qu'acheter les nouveautés à La Poste est souvent un très mauvais placement !
La solution paraît simple : arrêter de collectionner tout ce que La Poste et/ou les éditeurs proposent (car ce n'est qu'un proposition après tout, on n'est pas obligé de suivre !). Choisir des nouveautés et pas d'autres, remonter dans le temps, se diriger vers d'autres pays (un DOM ou un TOM pour rester en France !) ou pourquoi pas se lancer dans une collection spécialisée. Faites des choix !
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