18 juin 2010

23,56 millimètres : hauteur typographique

Vue de coupe, le support fait parti de la presse typographique

23,56 millimètres est un chiffre clef de la typographie : c'est la l'épaisseur standardisée de la planche d'impression.

Son origine est ancienne - elle correspond à la hauteur des caractères d'imprimerie à l'époque de la composition lettre par lettre - et cette hauteur est toujours d'actualité, y compris pour les dernières Marianne typographiées du Salon du Timbre 2010. Rappelons que la typographie, c'est l'impression par les reliefs.

Ce qui est expliqué est ce que j'ai compris d'une seconde discussion avec un conducteur de presse typographique au Salon (et quelques sources complémentaires listées en base d'article), les erreurs éventuelles sont les miennes.

Les deux Marianne typographiées des 40 ans de l'imprimerie à Périgueux/Boulazac utilisent les méthodes utilisées pour les cachets temporaires ou premier jour.

Etape 1 : Composition
- Le ou les dessins sont numérisés/nettoyés et/ou réalisés sur informatique.
- Une image de la plaque d'impression est réalisée (ici, elle consistait à l'assemblage des Marianne de Beaujard et Cheffer, des 2 vignettes, et des mentions en marge).

Etape 2 : Réalisation de la planche d'impression
- L'image de la planche est imprimée en négatif sur un film transparent. Sans doute en miroir également mais pas nécessairement car il suffit de retourner le film. La partie couche du film est en contact avec la partie sensible du polymère, donc l'image est également à l'endroit et non miroir. (email de DJ, imprimeur et philatéliste : "Le film négatif coté couche dans le sens de lecture est placé sur la partie sensible de la plaque polymère dans une machine dans laquelle on fait le vide afin que le film soit au contact parfait de la couche sensible et on insole avec une lampe  un certain temps compté en TOP selon la puissance de la lampe.")
- Ce film est placé entre une plaque polymère vierge (aimantée) et une source lumineuse (UV ?) : la plaque est insolée. La plaque se durci aux endroits exposés. On nettoie la plaque chimiquement (eau et soude ?), les parties insolées restent et les parties non-insolées se creusent. Je suppose qu'une seconde insolation a lieu sans filtre pour solidifier le polymère.
- On obtient une plaque d'impression miroir, ou les hauteurs seront encrées.Une fois pressée contre le papier, l'impression sera à l'endroit.

Etape 3 : Impression
- La presse typographique est équipé sur le support d'origine d'une plaque aimantée qui reçoit la plaque polymère aimantée. La hauteur totale est de 23,56 millimètres.
- L'encrier a été alimenté avec un rouge carmin pour que le résultat final (compte-tenu notamment du papier moderne plus blanc) se rapproche de la nuance du 0,40 Marianne de Cheffer de 1970.
- L'impression a lieu à plat sur des feuilles déjà dentelées (sur une des presses rotatives hélio ou offset ?).

La presse est à priori une Heidelberg comme celle utilisée pour la dorure des blocs jardin des Salon. Il faut souligner que celle présente au Salon comporte une plaque commémorative Heidelberg 1850/1950 des cent ans de l'entreprise, et qu'elle a sans doute 60 ans !

Le résultat est plutôt bon (l'impression est bien plus fine que la Marianne de Cheffer typographiée d'origine), mais les rendements ne doivent pas être exceptionnels.
C'est exactement la même technique qui est utilisée pour oblitérer les divers souvenirs produits par Phil@poste Boulazac, comme les documents philatéliques officiels. Le placement par aimant permet de placer le tampon facilement.

C'est un peu différent pour les cachets manuels temporaire ou premier jour : la même plaque polymère est découpée en rond, placée sur une couche de caoutchouc et sertie sur le manche. L'insertion de cette couche permet de pallier au fait que les humains n'apposent pas parfaitement à plat contrairement à ce que fait la machine, elle apporte donc une tolérance de quelques petits degrés.

Numérotation des feuilles

La numérotation des 16 000 feuilles des Marianne des 40 ans de l'imprimerie à Périgueux/Boulazac au eu lieu sur une presse à plat typographique équipée d'un numéroteur et d'un dateur. Compte-tenu de la limitation à 4000 feuilles, la numérotation a fait l'objet d'une procédure particulière (et contrôlée par huissier).

Dans un premier temps les feuilles on été contrôlées par les vérificatrices de l'imprimerie, qui ont mis de côté un peu plus de 4000 feuilles par type d'impression.

La numérotation des feuilles a commencé le 7 juin 2010, ce qui explique la date des feuilles. Le numéroteur fonctionne par décrément (de 004000 à 000001). La date a été conservée à ce jour pour rester identique sur toutes les feuilles, mais la numérotation des 16 000 feuilles a duré plusieurs jours.

Dans un premier temps, les feuilles ont été datée/numérotées par paquet. Chaque feuille a été contrôlée à nouveau sur la qualité de la numérotation (absence, décalage, impressions partielles, ...). Pour chaque feuille fautée à la numérotation il a été nécessaire de prendre une feuille non numérotée, de régler le numéroteur au bon numéro, et lancer l'impression unitaire de la date et du numéro ; puis de contrôler l'impression (il faut recommencer autant de fois que nécessaire).

C'est pourquoi la numérotation d'origine (à gauche verticalement sur les feuilles en héliogravure, sérigraphie et taille-douce) laisse apparaître des trous voire des sauts entre les 2 numéros consécutifs en bas à droite :
- Les paquets de feuilles n'ont peut-être pas été présentés dans l'ordre d'impression.
- Les feuilles fautées à l'impression n'ont pas été numérotées.
- Les feuilles fautées à la numérotation ont été remplacées.

Pour aller plus loin (et sources complémentaires de cet article) : Solarplate, Typographie sur Wikipedia, numéroteurs typographiques, typographie sur Larousse.

1 commentaire:

Étienne a dit…

Très instructif, merci !