08 octobre 2006

La fin de la péréquation ?

Rowland Hill a inventé le timbre-poste (et l'entier postal), mais ce n'était guère que deux résultats collatéraux d'un changement de paradigme (payer le port au départ au lieu de le payer l'arrivée) et de la véritable révolution : la péréquation appliquée aux tarifs postaux.

La péréquation, c'est de faire payer un même prix pour un service qui coûte parfois moins cher et parfois plus cher : le tarif est basé sur une moyenne des coûts, et non pas sur le coût réel.

Ainsi, envoyer une lettre de France à Saint Pierre et Miquelon coûte plus cher que d'acheminer du courrier sur une même commune. De même distribuer le courrier dans une grande ville (à pied) coûte beaucoup moins cher que de distribuer du courrier en voiture dans les campagnes. Et pourtant, le client paye le même prix ! Il revient également plus cher de traiter une lettre d'un particulier (écrite manuellement) que de traiter une lettre parmi des milliers déjà triées (dont l'adresse est vérifiée et imprimée avec une police de caractère que reconnaît les machines de tri automatique), La Poste accorde d'ailleurs dans ce cas des remises et des garanties qu'elle ne propose pas aux particuliers.

La libéralisation totale du courrier prévue pour 2009 (c'est pour bientôt !) pose donc un problème fondamental : la péréquation pourra-t-elle être maintenue ? Les entreprises concurrentes de La Poste vont en effet attaquer le marché là où il est le plus rentable (là où les marges sont les plus importantes). La Poste va donc devoir baisser ses tarifs pour les opérations les plus rentables (pour faire face à la concurrence), mécaniquement elle va devoir augmenter ses tarifs pour les opérations les moins rentables (le courrier des particuliers).

Des mécanismes sont prévus (taxes sur les entreprises concurrentes de La Poste n'assurant pas le service universel). Cela sera-t-il suffisant ?

L'exemple des télécommunications (téléphonie, internet) montre les avantages d'un tel système (baisse de certains tarifs, nouvelles fonctions, meilleures performances) mais aussi les inconvénients (les clients des zones densément peuplées sont avantagés, alors que dans les campagnes des services comme l'ADSL ne sont même pas offerts). C'est le même organisme qui contrôle la concurrence pour les communications électroniques et les postes : l'ARCEP.

L'ARCEP annonce d'ailleurs que les concurrents de La Poste sont maintenant 4 : après Adrexo, c'est Swiss Post International France et deux opérateurs locaux Althus et Stamper's qui obtiennent une licence d'opérateurs postaux.

ARCEP, liste des opérateurs postaux (y compris les transfrontaliers)

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